Dans ce billet, nous allons décrire une manière de jouer qui nous plait particulièrement. C’est un mode de jeu que nous testons activement depuis quelques temps et c’est un plaisir pour nous de vous le présenter.

Voici un petit guide pour jouer dans un Bac à Sable du Quotidien.

Auteur.ices: Valentin T., Cibou, Manon et Simon Li
Licence : WTFPL (http://www.wtfpl.net)

Au fait, c’est quoi un Bac à Sable du Quotidien ?

Un Bac à Sable du Quotidien (abrégé BASQ) est avant tout une manière de jouer au JDR. C’est aussi une philosophie, un état d’esprit, appliquée en jeu.

Dans la forme, cela ressemble comme deux gouttes d’eau aux pratiques classiques du JDR :

  • Il y a des joueuses qui déterminent ce que font leurs personnages,
  • et une meneuse, qui connaît toutes les informations importantes de l’univers de jeu, et qui détermine tout le reste.

En fait, l’un des éléments essentiels du BASQ est que la meneuse fait vivre le monde fictionnel sans chercher à orienter la partie dans une direction plutôt qu’une autre. On joue pour voir ce qui va se passer, elle ne doit faire aucun plan sur la comète. La règle essentielle de cette forme de jeu est donc que la meneuse ne doit avoir aucun plan. Elle n’est pas là pour raconter une histoire, faire planer des secrets, ou proposer des défis à relever. En contrepartie, les joueuses doivent être proactives : elles ont une très grande liberté, et doivent déterminer leurs propres objectifs.

Le BASQ est donc obligatoirement un jeu en campagne qui a besoin de temps pour se développer.

Mais c’est du Bac à Sable classique, ton truc ? Il y a des milliers de ressources sur ce sujet

Et non ! Le BASQ est même très différent des Bacs à Sable classiques, la principale étant qu’on se focalise sur le quotidien des personnages. On cherche à explorer le Quotidien (avec un Q majuscule !), le routinier, les interactions mondaines, les petites mais aussi les grandes choses de la vie de tous les jours. Par exemple, si les joueuses passent trois séances à décorer leurs chambres (chose qu’on ellipse en général dans les JDR), et bien c’est une très bonne chose: c’est signe que le BASQ se déroule bien.

Une autre différence réside, nous l’avons dit, dans le fait que la meneuse n’a pas prévu de défis à relever ou de secrets à découvrir. Elle n’est pas responsable de la trame narrative.

En fait, les préparations en BASQ sont très denses, mais la grande majorité de ce qui a été préparé ne sera pas évoqué pendant la partie ; c’est la condition pour permettre aux joueuses d’expérimenter une grande liberté.

Corolaire: Il ne doit y avoir aucun panneau indicateur. Tout est potentiellement intéressant. Les personnages sont libres (VRAIMENT libres) de faire ce qu’ils veulent. En fonction de leurs objectifs, les éléments du BASQ seront explorés ou non (et s’ils ne sont pas explorés, ce n’est pas grave). La meneuse n’est là que pour jouer les figurants et décrire l’univers. Elle n’a pas les prérogatives habituelles concernant le déroulement de la trame narrative. L’idéal est d’avoir à disposition une préparation qui donne envie aux joueuses de s’y plonger, de la découvrir, d’interagir avec ses éléments.

Pour résumé, dans un BASQ:
(1) on se focalise sur le quotidien des personnages
(2) il n’y a pas de scénario
(3) les personnages sont VRAIMENT libres: il n’y a aucun panneau indicateur et il n’y a aucune trame narrative

Pourquoi c’est fun ?

Mais ça a l’air chiant comme la mort votre truc ? Si on ellipse le quotidien, c’est pour de bonnes raisons !

Nous l’admettons volontiers: le BASQ n’est surement pas un mode de jeu qui est fait pour tout le monde. Mais restez un peu avec nous, nous allons vous expliquer pourquoi nous kiffons les BASQ.

Explorer

La première source de fun est l’exploration des éléments préparés par la meneuse (en apprendre plus sur les figurants, découvrir les informations sur le monde, comprendre comme ce dernier fonctionne, fouiller le moindre recoin en se disant qu’il y a forcément quelque chose d’intéressant, etc.). Et oui, puisqu’il n’y a pas de panneau indiquant « ceci est intéressant », puisqu’il n’y a pas de « point d’intérêt », la joueuse est libre d’explorer ce qui l’intéresse réellement. Et si c’est la cuisine des autochtones qui l’intéresse, et bien c’est super : nous jouerons surement pleins de scènes durant lesquelles le personnage apprend à cuisiner.

Du coup, il y a tout un ensemble de choix intéressants dans ce que la joueuse décide d’explorer ou non, et ce qu’elle met en place pour rendre son exploration fructueuse. Si par exemple elle veut savoir pourquoi le chef de tribu est en froid avec son fils, elle peut choisir d’aller voir plutôt tel figurant que tel autre (aller voir sa femme plutôt que sa concubine), puis faire toute une scène où elle essaie de l’inviter à parler de lui, de son passé, de ses problèmes, etc. pour finalement comprendre les enjeux du monde fictionnel.

Combiner

La seconde source de fun, c’est de combiner les éléments découverts afin de résoudre des ennuis, des petits tracas ou des embêtements du quotidien (rendre ce figurant plus sûr de lui, monter un club de jardinage, construire un sort de rangement automatique de ma chambre, etc…). Le cadre d’un BASQ fourmille de petits ennuis, qui sont autant de petites choses que la joueuse pourrait vouloir résoudre sans que ce soit dramatique si elle ne les résout pas.

Nous insistons sur cette dernière partie: « sans que ce soit dramatique si elle ne les résout pas ». C’est l’un des piliers de la philosophie du BASQ: pour que la vraie liberté puisse exister, la joueuse doit pouvoir explorer ce qui l’intéresse et ignorer ce qui ne l’intéresse pas. Pas de panneaux indicateurs, donc pas de conséquences rédhibitoire à un ennui non résolu.

Recommencer

Chronologiquement, le fun issu de l’exploration arrive en premier dans la partie, ce qui permet de débloquer la résolution potentielle des petits tracas. Mais l’exploration ne disparaît jamais, on découvre toujours de nouvelles choses, qui vont à leur tour pouvoir être combinées. Les ennuis, quand ils sont résolus ou non, conduisent forcément à un changement dans le cadre fictionnel et l’exploration peut continuer. Sans parler des tout ce que les personnages n’ont pas encore découvert jusque là.

Le jeu ressemble alors à une sorte de LEGO, dans lequel des briques viennent s’ajouter à celles qui sont déjà disponibles au fur et à mesure de la partie, et peuvent être assemblées par les participants de manières créatives et originales.

Et la meneuse dans tout ça ?

Le plaisir principal de la meneuse est de découvrir ce que les joueuses vont décider d’explorer, et ce qu’elles vont faire avec ce qu’elles ont découvert. Elle a également l’occasion de faire vivre le monde et les figurants sans se soucier d’orienter les joueuses dans une direction particulière plutôt qu’une autre, ce qui lui donne une grande liberté d’interprétation. En particulier, elle peut incarner les figurants d’une manière similaire aux personnages des joueuses, en les jouant très sincèrement.

A ce titre, la meneuse peut être en convergence avec les figurants qu’elle joue, et contrairement au JDR classique, elle peut avoir « ses » figurants fétiches et plaider pour eux sans que cela soit un réel problème.

Concrètement, comment on joue ?

C’est bien beau ton truc, mais in fine, comment on joue à un BASQ.

Dispositif de jeu

Comme dit plus haut, dans un BASQ, il y a une ou plusieurs joueuses qui décident de ce que font leurs personnages, et d’une meneuse qui décide du reste. Il est conseillé de ne pas utiliser de système de résolution, et de jouer en freeform. Vous pouvez utiliser éventuellement une pièce de monnaie pour tirer à pile ou face lorsque la situation est vraiment inextricable. Mais globalement, la meneuse décide de la manière dont répond l’univers face aux agissements des personnages. Comme elle n’a pas d’impératifs narratifs, elle se doit tout simplement de suivre la logique du monde qu’elle décrit. D’ailleurs, toute la phase d’exploration permettra aux joueuses de délimiter les contours du fonctionnement de ce monde.

D’ailleurs, nous attirons l’attention sur le fait que plus le nombre de joueuses augmente, plus les temps morts augmentent également. Il est donc recommandé de jouer avec une joueuse seulement (le BASQ s’y prête particulièrement bien), ou avec un maximum de trois joueuses. Au-delà, jouer à un BASQ risque d’être très laborieux. Le nombre de joueuses pose d’autant moins problème que celles-ci aiment à observer les autres jouer : c’est en soi un réel plaisir que d’assister et profiter de la partie. Cette aspiration est particulièrement compatible dans un BASQ avec plusieurs joueuses.

Côté joueuse

Jouer le quotidien est le principal intérêt du BASQ. Les événements qui sortent du quotidien (les événements extra-ordinaires) peuvent ne jamais avoir lieu au cours d’une partie, et cela ne pose aucun problème. Du point de vue des joueuses, la liberté du dispositif leur donne la possibilité d’aller explorer exactement ce qu’elles veulent, de se lier – ou non – avec les figurants qui les intéressent, et de construire leurs projets librement et sur le long terme.

Le BASQ est aussi l’occasion de jouer la construction de relations intimes et spontanées sur le long terme. Puisqu’il n’y a pas d’impératif de scénario, les personnages peuvent prendre tout leur temps pour se lier aux figurants. De ce fait, les figurants gagnent en profondeur car ils ne sont plus des fonctions qui servent une trame narrative, mais existent en tant que tels, comme des gens ordinaires. Et notez qu’il est bien rare dans la vraie vie qu’une personne vous fasse complètement confiance, immédiatement, parce que vous êtes le soi-disant Héros d’une histoire ! Il en va de même dans un BASQ: les relations se construisent sur le long terme, et souvent, prendre une tasse de thé en silence avec un figurant peut constituer une scène forte de la partie.

Le plus important du point de vue des joueuses est qu’elles doivent se forger leurs propres objectifs. En effet, le « setting » ne viendra pas les chercher et attendre un événement déclencheur qui n’arrivera jamais est purement vain.

Le deuxième point le plus important est de jouer en toute sincérité et en convergence avec son personnage. Evitez les techniques de joueuse pour « chercher du jeu » et laissez vous simplement porter par votre personnage.

Notez que cette forme de jeu est particulièrement déconseillée si les participants trouvent inintéressante l’idée de jouer le quotidien.

Côté meneuse

Le plus important est de laisser les joueuses libres de décider de ce qui les intéresse. Elles peuvent ne pas du tout s’intéresser à un élément, et au contraire se focaliser plusieurs parties sur un autre. Un ensemble de conseils listés ci-dessous permettent de rendre le quotidien particulièrement intéressant, en association avec une préparation adaptée.

a/ Règle du panneau indicateur

Contrairement à la plupart des autres formes de jeu de rôle classique, il est totalement contre-productif de mettre en avant certains éléments plutôt que d’autres dans le but d’inciter à l’exploration. Il est impératif de supprimer toute incitation claire.

Cela donnera aux joueuses l’espace pour être en mesure de construire leurs propres objectifs, sans quoi elles risquent de s’engouffrer rapidement vers ce qui lui semble être un panneau indicateur.

Et cette règle est plus difficile à suivre que ce qu’il n’y paraît ! Effacer les panneaux indicateurs, c’est mettre sur le même plan l’agencement du potager et les rancœurs tribales par exemple. C’est donner autant d’importance au filet d’ail qui pend au plafond de la cuisine qu’à la perte tragique de la mère d’un figurant…

b/ Règle de la convergence

Le BASQ permet de ne pas ellipser des moments de la fiction que l’on a tendance à passer sous silence, soit que l’on résume ce passage en quelques mots, soit que l’on fasse appel à une mécanique de jeu qui résume toute une séquence de la fiction. Au contraire, il est pertinent ici d’aligner la joueuse et son personnage au maximum de manière à favoriser les interactions entre les personnages et les éléments qui ont été préparés. Par exemple, quand une joueuse se demande ce que fait exactement un pouvoir, il est pertinent de lui suggérer de le tester en jeu. Quand une joueuse se demande quelque chose au sujet de l’univers de jeu ou du cadre, il est plus intéressant de poser la question à un figurant ou d’essayer de trouver une bibliothèque que de laisser la meneuse répondre directement.

Avec cette manière de jouer, il est habituel qu’une partie de 4 heures soit équivalente à une journée dans la fiction (ou moins !), ce qui est tout à fait pertinent pour le BASQ.

Si vous avez besoin de faire des ellipses, assurez-vous que celles-ci ne concerne que des moments que le personnage a déjà vécu plusieurs fois en temps réel. Laissez alors la joueuse décrire ce que son personnage fait, comment et dans quel état d’esprit: ces éléments vous permettrons de déterminer s’il faut ellipser effectivement ou si des micro-événements pertinents peuvent se produire.

c/ Règle des figurants

Les figurants sont des ressources essentielles pour rendre le BASQ particulièrement riche. Pensez aux figurants comme les héros de leur quotidien:

  • Ils cherchent eux-mêmes à rendre leur quotidien intéressant, ce qui doit être évoqué par la meneuse.
  • Ils ont des objectifs (se faire accepter dans le bar, prendre une super photo du bar, décorer la salle de repos des malades, rendre quelqu’un heureux malgré sa maladie…).
  • Ils invitent les personnages à les aider si c’est pertinent (et non parce que ce sont les « PJ »).
  • Ils sont hauts en couleur : ils charrient les personnages, ils s’attachent à eux, ils s’intéressent à leurs projets, ils préparent des pique-niques, ils les draguent…
  • Ils sont vivants, tout simplement.

Ne les traitez pas comme de simples “fonctions”, ayant des buts narratifs ou à la visée des personnages. Construisez-les comme s’ils étaient les protagonistes principaux de leur histoire, de leur vie.

d/ Règle des rituels

La vie est rythmée par des événements récurrents : le petit déjeuner au bar, la visite matinale des malades de l’hôpital, les soirées jeux au foyer de d’hôpital, les soirées jazz… Ce sont les contextes dans lesquels se déroulent les scènes du quotidien, et qui donnent tout un ensemble de ressources à mobiliser pour jouer avec.

A ce titre, il peut être intéressant de mettre en place des plannings pour les figurants. Ainsi, ces derniers ne resteront pas à un lieu donné pour attendre les personnages, mais auront une vie propre, dont les personnages pourront (ou non) faire partie.

Créer un BASQ

OK, pourquoi pas ? Tu m’as convaincu. Quels jeux sont des BASQ ?

A l’heure actuelle, il n’existe pas de BASQ publié et à disposition. Néanmoins, plusieurs projets sont en cours de développement. Des thématiques variées sont possibles et ont commencé à être explorées : La Chine médiévale, un futur cyberpunk dystopique, ou une académie formant des magiciens par exemple.

Si vous voulez vous lancer, voici quelques conseils de création d’un BASQ.

Dans l’idée, la meneuse doit connaître 100% des informations avant le début de la partie. Cela demande donc un cadre d’autant plus local que les capacités de mémorisation de la meneuse sont limitées. De plus, la forme du contexte dans lequel se passe une campagne de BASQ a une influence critique sur son déroulement.

Mise en place

La première étape est de choisir un univers différent de la vie quotidienne des joueuses. Cela peut provenir d’un contexte historique particulier (la Chine médiévale, un futur technologique), d’un phénomène particulier (l’existence de la magie, la présence d’Esprits mystiques), ou les deux.

Il est important de se focaliser sur une communauté de petite taille, qui permette de préparer un grand nombre de détails sans se perdre dans une étendue trop vaste et dont les éléments ne seraient décrits que superficiellement.

Les personnages doivent n’avoir que peu de connaissances de ce qui distingue la communauté de notre univers réel. Les personnages rejoignent la communauté en question, qu’ils ne connaissaient pas avant que la partie commence. Cet élément est crucial pour garantir le fait que les personnages et les joueuses vont explorer cet endroit inconnu, ses lieux, ses activités, ses habitants. Les personnages rejoignent la communauté au début de la partie.

Une fois le cadre de base déterminé, il reste à le peupler de lieux, de figurants, d’événements. Pour cela, la section suivante permet de renseigner des axes de campagne, qui sont des grandes directions générales que les personnages et les joueuses pourront explorer tout au long de la campagne.

Construction des axes de campagne standard

Les cinq axes de campagne suivants sont généraux, et peuvent convenir à tout type de BASQ. Les renseigner prend beaucoup de temps, d’autant plus qu’une faible proportion de ce qui aura été créé sera effectivement mobilisé pendant la partie. Mais c’est le prix à payer pour avoir un BASQ de qualité.

La description pourra prendre la forme de fiches. Au minimum, des fiches pour chaque figurant, une liste des lieux et leurs description, un planning typique d’une journée dans la communauté.

Axe 1 : Informations

Choisissez dans un premier temps les manières dont les personnages peuvent acquérir de l’information au sujet de l’univers et du cadre du jeu. Étant donné qu’ils sont étrangers à la communauté et aux particularités du cadre du jeu, il est fort possible qu’ils cherchent à mieux comprendre ce qui s’y passe.

Plusieurs éléments peuvent servir de sources d’information : au premier chef les figurants, mais aussi certains lieux (une bibliothèque, un kiosque à journaux, une université…). L’univers et le cadre pourront ainsi être distillés directement pendant la partie, en jouant la quête d’informations des personnages.

Axe 2 : Relations

Choisissez ensuite des occasions diversifiées qui permettent aux personnages de se lier à des figurants. Les figurants doivent avoir une place centrale dans le BASQ, ce sont les éléments de la partie les plus “interactifs”.

Ils doivent avoir au minimum une série d’occupations variées dans des lieux déterminés où l’on peut les trouver, des objectifs qu’ils cherchent à atteindre, et quelques ennuis.

Il peut être particulièrement pertinent de les enrichir en déterminant quelle est leur histoire particulière qui les a amenés à concevoir leurs objectifs, leurs peurs, leurs espoirs, les gens qu’ils aiment, ceux qu’ils évitent. Il peut également être pertinent de déterminer, même vaguement, quel degré d’intimité est nécessaire pour en apprendre plus sur les figurants. Il est peu probable qu’un figurant dévoile toute sa vie au premier personnage venu: les relations se construisent sur le long terme et les comportements varient souvent en fonction des liens qui les unissent.

Axe 3 : Place sociale

Choisissez ce qui peut permettre aux personnages de se forger une place dans la communauté. Une hiérarchie classique peut faire l’affaire (par exemple si les personnages incarnent des soldats dans une garnison), mais de nombreuses options sont possibles. Dans toute communauté, de la bande d’amis à la hiérarchie politique, se faire une place est un enjeu à part entière.

Axe 4 : Vie quotidienne

Choisissez des opportunités pour que les personnages puissent rendre la vie quotidienne plus agréable.  Ce peut être leur vie ou celle des figurants.

Parsemez le cadre de jeu d’ennuis variés, qui peuvent aller de la fuite d’eau dans le toit de l’immeuble, au jardin en friche, en passant par la cuisine qui n’est pas très savoureuse. Il ne faut pas qu’ils soient trop gênant cependant, les joueuses pourraient risquer d’être trop clairement incitées à les résoudre.

Axe 5 : Secrets

Cet axe est entièrement optionnel, et le renseigner amène le risque que les joueuses s’y intéressent exclusivement. Il doit être construit avec discernement. Il s’agit de déterminer les choses qui sont inconnues de la plupart des membres de la communauté, et qui pourraient expliquer beaucoup de phénomènes. Par exemple, quelques inscriptions sur des statues perdues dans une forêt, un ancien tableau représentant l’architecte ayant créé les lieux…

Attention, il ne faut surtout pas indiquer pendant la partie que ce qui est découvert est mystérieux ! Seulement le décrire en passant, l’air de rien.

Construction des axes de campagne spécifiques

Au delà des axes de campagne standards évoqués ci-dessus et qui vont venir peupler le BASQ, chaque cadre de campagne doit disposer d’axes qui lui sont spécifiques. C’est le moyen d’introduire ce qui diffère sensiblement de notre quotidien : une technologie débridée dans un monde cyberpunk, des pouvoirs magiques dans une monde fantastique, les préparatifs d’une guerre dans un monde médiéval…

Choisissez et développez les éléments spécifiques à l’univers de jeu qui pourraient avoir un rôle d’importance dans la vie quotidienne de la communauté, et auxquels les personnages pourront être confrontés.

Développement des axes de campagne

Les axes de campagne, sous la forme d’une description du lieu choisi, doivent être organisés selon une logique qui favorise au mieux la dynamique de jeu propre au BASQ.

Il faut tout d’abord s’assurer qu’aucun élément ne prend la forme d’une incitation évidente. Aucun élément ne doit contraindre les joueuses à y réagir : pas de gros problème en perspective, seulement quelques ennuis un peu partout. Les joueuses doivent pouvoir ignorer n’importe quel élément du cadre, sans que cela n’ait de conséquence importante.

Il est également préférable que les joueuses aient la possibilité d’aborder l’ensemble des axes de campagne le plus rapidement possible. Pour cela, la première partie peut prendre l’aspect d’une visite des lieux proposé par un figurant par exemple.

Les éléments qui constituent des axes de campagne doivent être ancrés dans le cadre, accessibles aux joueuses. Les sources d’information (comme les bibliothèques) sont ouvertes et disponibles, les figurants peuvent être rencontrés là où ils réalisent leurs différentes activités, les lieux peuvent être visités librement.

Certains éléments doivent être ancrés dans le temps court, typique du planning d’une journée. L’organisation de la communauté, du lever au coucher par exemple, doit être dynamique, et offrir des opportunités de scènes variées aux personnages. D’autres éléments peuvent s’ancrer dans le temps long, et permettre des événements exceptionnels qui viendront renouveler la partie : une fête à l’école de magie, la visite du prince au château, la manifestation anti-police dans le quartier…

Une fois que la plupart des éléments ont été posés, il reste à les relier les axes entre eux. Il faut s’assurer de la logique d’ensemble, créer des liens entre les figurants, associer aux figurants des éléments des différents axes de campagne (un bibliothécaire, un professeur de magie, un cuisinier…) qui seront autant de points d’accroche pour les joueuses.

Il est déconseillé d’associer à la préparation à une mécanique de jeu. Mais dans le cas contraire, une règle pourrait être de ne mécaniser que ce que l’on souhaite ellipser dans la fiction.

Enfin, il ne faut pas conditionner la fin de la campagne par un événement à l’initiative des joueuses (sauver le monde, permettre au fortin d’être protégé, résoudre les problèmes des figurants, etc.). Cela constituerait un objectif extérieur très incitatif pour les joueuses, ce que l’on souhaite éviter.

Et c’est tout !

OK. En vrai, c’est déjà beaucoup ! Mais nous espérons vous avoir donné non seulement à jouer au BASQ mais aussi à créer le votre. D’ailleurs, peut-être jouez-vous déjà comme cela ! Nous serions ravis d’en savoir plus sur votre manière de jouer.

En tout cas, si vous avez besoin d’aide ou de conseils supplémentaires, vous pouvez vous rendre sur le Discord des Courants Alternatifs (accessibles avec ce lien : https://discord.gg/v47EgUNJpb) ou par mail (à angeldustjdr@gmail.com). Un fil de discussion y regroupe une partie des auteurs et des curieux du BASQ.

Nous vous invitons également vivement à nous faire des retours sur ce texte, et sur le BASQ plus généralement ! En espérant que cette manière de jouer pourra vous apporter autant de plaisir qu’à nous, ou au moins vous inspirer pour vos propres parties de jeu de rôle.

Glossaire

BASQ : Abréviation utilisée pour “Bac à Sable du Quotidien”. Se prononce “Basque”.
Joueuses : Joueuses et joueurs de jeu de rôle.
Meneuse : Meneuse ou meneur de jeu de rôle.
Participantes : Joueuses et meneuse.
Personnages : Individus de la fiction que les joueuses incarnent.
Figurants : Individus de la fiction que la meneuse incarne.
Campagne : Succession de parties de jeu de rôles.
Univers : Monde fictionnel de la partie, pris dans son ensemble.
Cadre : Portion localisée de l’univers au sein de laquelle la fiction se déroule.


5 commentaires

Patate des ténèbres · 11 décembre 2020 à 9 h 20 min

Salut, gros boulot en effet, et outre le fait que, de mon expérience, le basque est toujours dramatique, proposer une approche comme celle-ci est assez sympa. Pour ma part, jouant depuis longtemps en impro totale dans différents univers, je me retrouve dans cette prépondérance des antagonistes et seconds couteaux, et plus généralement sur le fait de créer des univers évoluant en dehors des pjs. Par contre, l’impression que j’ai eu en lisant ce très bon article est qu’il fallait lisser le drama tout du long, afin de ne pas inciter les pjs, ce qui me semble plutôt difficile à mettre en place; En fonction de leur passé, de leur tempérament, ils et elles réagiront plus ou moins violemment aux situations les plus anodines, ou moralement contestables. Je ne vois pas comment maîtriser cela (et je ne cherche pas, mon objectif étant de faire vivre des aventures). Il doit exister des choses du côté du jdr thérapeutique, mais je n’ai rien en tête (c’est habituel). En tout cas merci pour cette piste, j’ai un jeu de rôle dans un salon de coiffure, Frange, disponible sur itch.io, et l’article me donne envie de voir ce que je peux faire dessus à ce sujet.

    angeldust · 14 décembre 2020 à 20 h 34 min

    Merci pour ce message ! Je précise qu’il est tout à fait possible de jouer drama en BASQ: il y a d’ailleurs beaucoup de drama dans les bacs à sable que nous construisons. La seule différence est que les PJ ne sont pas obligés de s’y intéresser. L’approche est moins frontale, mais le drame est bel et bien présent. D’ailleurs, les conséquences des situations non résolues rendent l’univers d’autant plus crédible que ces situations ne sont pas immédiatement accessibles mais nécessite qu’on s’y intéresse justement. Le but n’est pas tant de lisser les réactions des personnages mais plutôt d’être dans l’état d’esprit: où que le PJ regarde, il y aura quelque chose d’intéressant à se mettre sous la dent.

    Merci encore pour ton message ! Je vais jeter un oeil sur Frange 😀

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