Jeux de rôle à secret : comprendre l’univers

Les JDR à secrets sont un genre que nous avons assez peu exploré sous notre label. Pourtant, on y a trouvé récemment beaucoup de plaisir et j’ai essayé de proposer dans cet article quelques axes que je pense intéressants pour en profiter pleinement.

L’univers comme énigme

Tout d’abord, il est important de poser une définition de ce que j’entends par « Jeux à secrets ». Cela permettra probablement d’évacuer quelques évidences.

Un « jeu à secrets » n’est pas, à mon sens, simplement un jeu avec des secrets dedans. Par exemple, une campagne comme « Les Masques de Nyarlathotep » ne fait pas de l’Appel de Chtulhu un « jeu à secret ». L’enquête qui aboutit à la révélation de secrets n’est pas constitutif du genre (sinon, 99% des JDR traditionnels seraient des jeux à secrets, ce qui n’est pas mon propos).

Non, au lieu de cela, j’appelle « Jeux à secrets », les JDR dont le plaisir de jeu est de découvrir le fonctionnement de l’univers au fur et à mesure qu’on joue, d’arpenter un monde volontairement opaque pour finir par en comprendre les rouages en même temps que son personnage. On fait, je dis « Jeux à secrets » par abus de langage et je devrais probablement rajouter un terme : je parle bien dans cet article de « Jeux à secrets ontologiques« .

Ces jeux à ontologie cachée proposent un univers qui dispose d’un sens profond, mais pas immédiatement visible. Dans ces jeux, le monde n’est pas un simple décor. Ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on vit en partie, renvoie vers autre chose que les joueurs tout autant que les PJ vont devoir comprendre. Ce sont des jeux où les éléments de l’univers ne sont pas donnés comme allant de soi.

On joue dans des lieux où l’on sent qu’on ne sait pas tout, qu’on ne sait peut-être même rien. Où la Lumière, les rêves ou les divinités ont une valeur qu’on ne comprend pas encore. Il y a en fait une sensation de réalité suspendue dans ces jeux et c’est une composante du plaisir qui en résulte.

Souvent, j’approche ces jeux en me disant en tant que joueur :

« Quelque chose me dépasse. Et il va falloir jouer pour réussir à l’appréhender. »

Tout est sujet à interprétation

Ainsi, dans les « Jeux à secrets ontologiques », on mobilise notre sens de l’interprétation, non pour résoudre un mystère quelconque, mais pour comprendre le monde qui nous entoure. De fait, tout devient sujet à interprétation, même les plus petits détails. On se pose vraiment des questions sur l’univers dans lequel on évolue et on ne le considère jamais pour acquis. Il y a un effort conscient (et oh combien gratifiant) à chercher des réponses.

Pour cela, il faut être dans une posture attentive, proactive, et surtout de questionnement, car le but est d’établir du sens. Ce sont des jeux qui récompensent l’attention, l’imagination, la capacité à relier les points, ou à les disjoindre volontairement pour faire émerger une autre lecture. Et puisque tout a potentiellement du sens, l’on est dans une réelle dynamique de découverte : on creuse dans les textes, les gestes des PNJ, la structure même des règles. On soupçonne tout d’avoir une intention cachée. Parfois c’est vrai. Parfois non. Mais ce doute est précieux car il crée un rapport actif au monde fictionnel. En fait, ce que j’aime c’est qu’on sort d’une vision purement consumériste de l’univers : ici, le monde n’est pas acquis, il faut faire des efforts conscients pour en profiter pleinement.

Jouer à l’herméneute

Ce type de jeu crée une posture particulière chez les joueurs : on devient herméneutes, lecteurs attentifs d’un monde rempli de signes. Et cela transforme profondément l’expérience, parce que tout à coup, ce qu’on remarque devient un moteur du jeu. Il y a une sorte de boucle de rétroaction entre le monde et nous. Plus on fouille, plus le monde nous donne en retour, souvent avec encore plus de questions.

Finalement, cette posture est similaire à celle d’un chercheur (ou d’un alchimiste) dont la conviction profonde de pouvoir comprendre le monde devient une obsession. Cette conviction qu’il y a quelque chose à fouiller, à découvrir, fait partie intégrante du contrat de lecture (ou de partie) que l’on passe avec le jeu, et le MJ. Ainsi, le MJ devient moins un opposant qu’un gardien de la densité des secrets, qui donne couche par couche les différents niveaux de lecture du monde.

C’est cette posture du MJ que je n’ai pas comprise lors de ma première expérience du « Jeu à secrets » qu’est Sens Hexalogie. Dans ce jeu de Romaric Briand, les PJ évoluent dans un univers qui a été entièrement calculé par un super ordinateur. Sauf que les PJ sont des bugs, des paramètres qui n’ont pas été pris en compte dans la simulation et de fait ont un libre arbitre. Travaillant moi même dans le domaine de la simulation numérique, je me suis pris de passion pour ce jeu et son lore, mais les parties que j’ai pu faire étaient décevantes. Je n’ai compris qu’après quel était le véritable sel de ce genre de jeu. Je ne vais pas faire ici une critique complète de Sens, mais simplement indiquer que les « jeux à secrets » nécessitent, je crois, un positionnement particulier en tant que MJ et en tant que joueur. Une discussion croisée en Ambre, l’autrice de Arcana, et Romaric est bientôt prévue donc je mettrai à jour cet article bientôt.

Créer du sens, c’est créer du lien

Enfin, un aspect important des « Jeux à secrets », à mes yeux, c’est tout particulièrement la complicité du groupe. En effet, cette émulation collective, cette recherche de compréhension se fait en général en groupe et « en personnage ». La convergence entre joueur et personnage est souvent très forte puisque ce que comprend le joueur est compris au même niveau et au même moment par le personnage. Ainsi, le groupe de personnages réfléchit en même temps que les joueurs. Les moments d’épiphanie sont donc souvent collectifs, ce qui renforce les Liens au sein du groupe. On a une réelle complicité entre personnages mais surtout entre joueurs. Il y a une connexion réelle qui se crée entre nous.

Bref…

Jouer à ce type de JDR, c’est :

  • accepter de ne pas comprendre tout de suite,
  • se réjouir de relier les fragments,
  • agir dans un monde qu’il ne faut pas considérer comme acquis,
  • vivre des épiphanies collectives.

J’espère que vous voyez un peu mieux le genre de jeu que pourrait être Arcana. Comme je l’ai exprimé en début d’article, j’ai finalement peu d’expériences des « Jeux à secrets ontologiques ». Je lorgne depuis un moment sur Trip to Skye de Romaric Briand mais je n’ai pas encore sauté le pas. A part Arcana, en fait, je n’ai que très rarement eu l’occasion de jouer à des « Jeux à secrets », qui demandent souvent un investissement en campagne. Et pourtant, j’ai pu voir lors de mes parties d’Arcana tout le plaisir qu’on pouvait y trouver et j’espère que vous en ferez l’expérience comme moi.

Et vous ? Quel jeu à secrets vous a le plus plu ?

Jeux de rôle à dilemmes moraux : l’art de choisir ce qui fait mal

Vous le savez si vous suivez nos productions, il existe un type de jeux que nous chérissons par dessus tout. C’est un type de jeux qui ne cherche pas à faire briller les personnages mais à les questionner. Il s’agit bien sûr des jeux moraux (ou les jeux à dilemmes moraux, dépendant de comment vous les appelez). Dans ce genre de jeux, il ne s’agit pas de de savoir ce que vous voulez faire, mais ce que vous êtes prêt à sacrifier pour y parvenir.

Ca vous semble familier ?

Dans cet article, je reviens un peu sur ce que nous aimons tant dans les jeux à dilemmes moraux et j’espère partager avec vous un peu de cet amour.

L’importance du prix à payer

Reprenons de la base : qu’est-ce qu’un jeu moral ? Il existe de nombreuses manière de répondre, mais j’aime bien me baser sur l’atomistique de Thomas Munier. Il dit dans son article que le jeu moral :

[..] met en valeur les objectifs, les valeurs, les devoirs, les désirs et les attaches des personnages.

Et le jeu moral le fait par le biais de dilemme. Le dilemme, dans sa forme dramatique, ne se limite pas à une simple hésitation entre deux options. Il repose sur une tension structurelle entre ce que le personnage veut (ce qu’il croit devoir faire) et ce qu’il est prêt à sacrifier pour y arriver.

Autrement dit, dans un jeu moral, chaque choix a un prix, et l’intérêt du jeu n’est pas de l’éviter, mais de s’y confronter pleinement et d’explorer les conséquences de ce choix.

Il existe bien sûr pleins de méthodes pour créer de bon dilemmes moraux. Cet article ne prétend en faire la liste. Toutefois, je définis comme un bon dilemme, un choix qui n’offre pas d’échappatoire morale. Vous ne pourrez pas « sauver tout le monde » dans un jeu moral. L’objectif n’est pas de contourner la difficulté, mais au contraire d’y plonger. Par exemple,

  • Dans Damnés, les situations sociales sont inextricables. Cette tension est renforcée par les Pactes de Sang qui scellent des promesses toujours impossible à tenir.
  • Dans Arcana, l’univers est né d’un Sacrifice, qui se transpose sur chaque être vivant et qui est thème central du jeu. Dans ce moment où la Lumière a disparu, la moralité est en nuance de gris.
  • Dans Inflorenza Minima, la mécanique de prix à payer est explicite : si tu veux réussir quelque chose, tu dois payer un prix !
  • Dans Marchebranche, les Protagonistes savent dès le départ qu’ils ne pourront pas aider tout le monde et connaissent à l’avance les conséquences s’ils aident ou n’aident pas un personnage.

Aucune bonne solution et c’est ce qui libère

On pourrait croire que ce genre de jeu est frustrant, puisqu’il évacue la notion de “bon choix”. En réalité, c’est cette absence de validation qui crée la liberté. Vous n’êtes pas là pour résoudre un problème, mais pour en explorer les conséquences. Je rajouterai même qu’il s’agit d’explorer les conséquences de tous les choix qui s’offrent à nous, même ceux qu’on ne fera pas. En effet, dans l’action même de peser les « pour » et les « contres », on se projette de manière très littérale sur ce qui pourrait advenir, sur ce qui aurait pu être si on avait fait d’autres choix… Même si un choix ne se concrétise pas dans la fiction, on l’a exploré en quelques sortes.

Dois-je protéger mon peuple au prix de trahir une promesse ? Dois-je dire la vérité si elle brise ce qui reste d’un être aimé ?

Chaque choix est défendable, mais aucun n’est inattaquable. C’est cette zone de trouble qui nourrit le jeu et le fait d’explorer les possibles. Et c’est là que les personnages deviennent réels.

Les PNJ comme « vrais » personnages

Ce qui découle du constat précédent, c’est que les PNJ ne sont pas de simples vecteurs d’information. Ils ne sont pas des personnages fonctions. Ils incarnent des visions du monde. Chacun est une forme de miroir tendu vers les Protagonistes, une voix porteuse d’une douleur ou d’une logique que l’on ne peut pas balayer d’un revers de la main.

Un bon PNJ dans un jeu moral n’est jamais juste un « méchant » ou un « allié ». Il défend une cause. Il fait sens, même si c’est un sens radicalement différent du vôtre. Et cela produit un effet puissant chez moi : l’envie d’y croire encore plus.

Le dilemme devient alors non seulement émotionnel, mais aussi politique : à quel monde donne-t-on raison par nos choix ? À qui donne-t-on notre voix ? Qui réduit-on au silence ? Cela donne aux antagonistes — et même aux alliés — une consistance rare. L’univers du jeu semble exister pour de vrais (en tous cas moi j’y crois) car il est peuplé de « vraies » personnes.

Jouer au bord du gouffre

La conséquence d’avoir des PNJ particulièrement crédibles, c’est (pour moi en tout cas) la volonté de se projeter corps et âme dans son personnage. Plus que d’habitude.

Tout d’abord, il est fondamental de préciser que le conflit entre PJ n’est pas un échec, mais une dramaturgie. Ces conflits sont des frictions que je trouve fertiles car ils révèlent ce sont vraiment ces personnages, ce qu’ils ont au fond d’eux.

En sachant cela, il est plaisant de jouer son PJ « au bord du gouffre« , c’est-à-dire en cherchant délibérément à le faire plonger, et en tendant la main pour que nos partenaires de jeu le sauve (ou pas). Pour moi, c’est un vrai plaisir de regarder un autre joueur dans les yeux, et dire quelque chose du genre « Je vais tuer mon amour de toujours pour te sauver » et de lui tendre une perche pour m’en empêcher. Je jouer la friction entre personnages, indistinctement, PJ ou PNJ, puisque pour moi, ce sont tous des personnages crédibles qui défendent leurs idéaux.

L’introspection comme moteur de jeu

Ce qui nous amène à la manière d’incarner les PJ. Et ce que j’aime tout particulièrement dans les jeux à dilemmes moraux, c’est la possibilité explicite de pouvoir jouer mon personnage à fond. Non pas que je ne puisse pas le faire dans d’autres styles de jeux, mais que c’en est le focus principal. Pour bien jouer mon personnage, je dois plonger dans les tréfonds de son Âme, me demander : qu’est-ce qui compte vraiment pour moi? Qu’est-ce qu’il ne pourrait jamais faire ? Qu’est-ce qu’il va faire malgré tout ?

Ces mécaniques appellent une forme de jeu à 200%, où l’on ne se soucie pas tant de « ce qui va se passer » que de « comment je vais me sentir lorsque ça va se passer ». C’est une forme de jeu un peu égoïste, je dois l’admettre. Mais le dilemme, en tant que structure, oblige à se positionner, au sens de Frédéric Sintes.

Catharsis

Enfin, il y a la résolution, le moment où on a fait le choix, on a en a subit les conséquences et on peut enfin regarder en arrière. Après certaines scènes, plus personne ne parle, l’ambiance est lourde. On a la gorge serrée. Et pourtant, je me sens bien dans ces moments. Épuisé, mais bien. Cette sensation, je ne l’ai ressentie dans ces jeux à dilemmes moraux. C’est une sensation que nous (Manon et moi) cherchons à reproduire en tant qu’auteurs de JDR. L’émulation de cette dynamique a toujours été dans nos jeux (de Terres de Sang à Héros d’Argile).

J’ai eu une discussion que m’a beaucoup marquée avec une autrice de JDR récemment, qui me parlait d’inconfort. Elle disait que notre futur, collectivement, dépendrait beaucoup de notre relation à l’inconfort. Cette discussion résonne dans ma tête… Je crois que je tiens là une explication de mon appétence pour ce genre de jeu.

Bref…

J’aime ce genre de jeux de tout mon Corps et de toute mon Âme. Pour toutes les raisons évoquées dans ce blog. C’est important pour moi d’y jouer, d’en écrire, et très bientôt d’en éditer. Comme vous avez peut être pu le deviner, Arcana est l’un d’eux.

Tout particulièrement dans la campagne proposée dans son livre de base, les PJ se retrouvent dans une académie où ils devront apprendre à servir l’Empire Arcanien. Sans divulgâcher plus en avant, le jeu propose d’explorer à la fois le thème de l’identité et de la soumission à l’autorité.

Bien que son dispositif soit plus traditionnel que les jeux que nous écrivons (comprenez que Arcana est un jeu avec MJ et scénario), il fait écho à beaucoup de choses que nous exprimons par le biais des jeux à dilemmes. J’espère sincèrement qu’il vous touchera également.

Quelques jeux à dilemmes moraux que j’aime beaucoup

  • Inflorenza Minima de Thomas Munier
  • Marchebranche de Thomas Munier
  • Dogs in the Vineyard de Vincent Baker
  • Démiurge de Frédéric Sintes
  • The Mountain Witch de Timothy Kleinert
  • Bluebeard’s Bride
  • The Watch de Ash Kreider et Andrew Medeiros
  • (Et donc Arcana de Ambre ‘Zel’ Tailhades)

[Ciné/JDR] On refait le film : Le Royaume des Abysses / Wanderhome

Une critique ciné et un actual play, on continue sur notre lancée dans On refait le film ! Et cette fois, je vous parle du Royaume des Abysses (2024) de Tian XiaoPeng.

Résumé du film

Le Royaume des Abysses pourrait être vu comme un Voyage de Chihiro à la sauce chinoise, mais ce serait passer complètement à côté de la richesse et de la pertinence de ce film d’animation. Sous ses airs de conte un peu mignon, un peu flippant, se cache un film d’une réflexion assez forte je trouve sur la société chinoise moderne et les pressions générationnelles. Autant dire que j’ai adoré (j’ai pleuré tant de larmes durant mon visionnage !).

Le film raconte l’histoire d’une jeune fille, ShenXiu, qui part en croisière avec son père, la nouvelle femme de son père et leur nouveau né. Elle est hantée par la figure de sa vraie mère qui a divorcé et dont elle n’a plus vraiment de nouvelle. Et elle s’en veut terriblement car elle pense que c’est de sa faute. Lors de la croisière, elle tombe à l’eau et découvre un monde onirique, ainsi qu’un bateau restaurant et son capitaine ,et ensemble, ils vont partir en quête de ce qui pourrait ramener sa mène.

NanHe, le héros inattendu

La petite ShenXiu pourrait sembler être le centre de l’histoire, mais pour moi, le véritable protagoniste est NanHe, le capitaine du bateau restaurant. Tiraillé entre la nécessité de faire tourner son business dans un monde capitaliste (il doit faire de l’argent) et l’obligation inattendue de prendre soin d’une enfant, il incarne une génération entière de chinois. Ma génération en réalité. Celle qui a grandi avec le mantra de l’excellence scolaire, de la réussite financière avant tout et qui se retrouve aujourd’hui bien désarmée face aux exigences humaines, comme élever un enfant, se faire des amis ou simplement ralentir la cadence et profiter de la vie. Vous voyez pourquoi ce film m’a autant touché ?

Un miroir de la société chinoise

Le Royaume des Abysses capte quelque chose de profondément actuel : la pression démesurée mise sur les enfants pour réussir (imaginez : il y a des examens en Chine pour rentrer en maternelle !), l’obsession de « ne pas perdre la face » (surtout celle de ses parents, d’où la pression de toujours faire mieux que le petit voisin) et les ravages silencieux que cela engendre. ShenXiu, la petite fille, est certes littéralement à la dérive, mais c’est NanHe, le capitaine, qui concentre les paradoxes d’une société, un bateau resto, qui lui demande tout, y compris son corps et son âme.

Le film est truffé de métaphores qui, pour quiconque connaît un peu la culture chinoise, sont un pur régal. Les poissons moches dans le resto de NanHe ? Une allégorie hilarante de la tata bigoudi qui joue au mahjong, et du tonton fumeur en chemise en soie (si vous êtes de culture chinoise, vous savez très bien de quoi je parle !). Les clients de NanHe sont obsédés par l’apparence (ils font des selfies non stop). Ils sont insatiables, jamais contents des plats qu’on leur sert (et pourtant NanHe se décarcasse). Ils incarnent une génération gavée de luxe cheap, une génération d’éternels insatisfaits – un clin d’œil grinçant aux memes des « parents chinois toujours déçus ».

« Lying down » et retour aux racines

Le film explore je pense des questions existentielles que se pose une partie des adultes de ma génération. En particulier, que reste-t-il à une génération épuisée par le capitalisme ? Pour NanHe, la réponse arrive vers la fin du film : il faut en fait laisser aller, « laisser couler ». Pour moi, c’est une référence subtile au mouvement Lying Down (Tang Ping) qui a eu lieu en Chine il y a quelques années, prônant un refus de l’épuisement pour retrouver une certaine forme de liberté.

Il y a aussi cette scène empreinte d’imagerie maoïste que je trouve croustillante, où le film s’amuse avec autodérision à convoquer les souvenirs d’un communisme idéalisé lors d’un passage où les efforts de chacun sont nécessaires pour sauver le bateau.

Mignon et déchirant

Le Royaume des Abysses est un film d’une tendresse rare, porté par un propos pertinent et une narration pleine de finesse. Derrière ses couleurs chatoyantes, il raconte la douleur d’une société en mutation, entre espoirs d’avenir et poids du passé. C’est doux, c’est cruel, c’est essentiel.

Et en JDR ?

Difficile de trouver un JDR qui commente avec autant de finesse l’air du temps en Chine. Il manque dans mon paysage ludique ce jeu de miroir entre les personnages et la société. Si vous avez des jeux dans ce goût, qui fait du voyage onirique et qui met en miroir la société, la psychée des personnages et une critique du trauma générationnel, je prends ! En attendant, nous avons fait une partie de Wanderhome pour évoquer l’ambiance mignonne mais pas dénué de profondeur qu’évoque le film.

[Ciné/JDR] On refait le film : Limbo / Psychomeutre

Une critique ciné et un actual play, voici la formule que je vous propose dans On refait le film ! Et pour la première édition, je vous propose de nous attarder sur Limbo de Soi Cheang (2021).

Résumé rapide

Le film suit une enquête de Will, un jeune officier prometteur qui vient de rejoindre l’équipe, et de Cham Lau, un vétéran, une forte tête aux méthodes violentes et peu conventionnelles. Ensemble, ils sont sur la trace d’une série de mutilations et de meurtres visant des jeunes femmes dans un Hong Kong poisseux et magnifique. De plus, une jeune femme issue des taudis, du nom de Wong To, vient à aider les enquêteurs, dans un mouvement à la fois d’auto destruction et de recherche de rédemption, entre la peur et l’alliance de circonstance. D’autant plus que Cham semble lui-même perturbé par la jeune femme qu’il connaît et qui nourrit une vive appréhension à son égard.

Band annonce du film

Une esthétique en noir et blanc qui claque

Ce qui frappe d’emblée, c’est le choix du noir et blanc, une image trop propre, sans grain, presque chirurgical, qui contraste avec le sujet filmé : Hong Kong comme une décharge à ciel ouvert. Ce style permet de jouer sur les contrastes de cette ville gargantuesque. D’un côté, les quartiers chics de Hong Kong, éclairés d’une lumière immaculée, de façon presque clinique, et de l’autre, les bas-fonds, filmés avec un contraste marqué et une lentille anamorphique qui accentue le côté crasseux et déformé de la ville. Ce jeu visuel renforce l’impression d’un univers où la beauté et la déchéance se côtoient sans concession.

Entre ambition symbolique et fin qui fait pssschit

Limbo se veut bien plus qu’un simple thriller policier à mon sens. La violence débridée, tant physique que morale, interroge. Wong To est filmée comme une “Final Girl” dans un slasher : elle subit tout type de sévice, corporel par le tueur en série, mais aussi psychologique par l’inspecteur Lam Chau qui tente d’extraire d’elles toutes les informations dont elle dispose. C’est comme si le film nous parlait des violences du patriarcat et des cicatrices laissées par un passé colonial, qui refait surface au travers du système carcéral et des institutions policières. Les personnages, de l’officier idéaliste au vétéran en mal de vivre, semblent évoluer dans un monde où la morale n’a plus de prise sur les humains.

Malgré ce duo d’enquêteurs trop classique pour être intéressant, je pensais entrevoir les critiques d’un système inhumain, en chasse de quelqu’un, quelque chose d’encore plus terrible. Si c’était cela, j’en aurai été très satisfait, mais à mesure que l’enquête progresse, les intentions du film se brouillent. Alors qu’on s’attend à une dénonciation de cette oppression et de la violence qu’elle engendre – qu’elle soit physique ou morale – la fin vient tout casser. La rédemption de Cham et sa quasi-absence de remise en question, ainsi que la caricature que s’avère être le tueur, m’ont laissé partagé entre l’envie de décrypter un sous-texte profond et la sensation d’une certaine vacuité. A quoi bon déployer une telle esthétique, violente et poétique, si c’est pour dire si peu de chose sur Hong Kong ?

Et en JDR ?

Je ne saurai que trop conseiller les jeux de Thomas Munier pour retrouver cette crasse et cette poésie. Tout d’abord Little Ho Chi Minh ville pour le côté grouillant d’un immeuble bidon ville (https://thomas-munier.itch.io/little-h-chi-minh-ville). Ou alors Psychomeutre pour jouer des profilers qui traquent des tueurs en série (https://thomas-munier.itch.io/psychomeurtre). On garde le côté crade mais l’ambiance est moins incarnée dans un seul lieu, comme pour Hong Kong dans Limbo.

Chez notre label, il y les Champs du Purgatoire, que nous avions écrits pour une game jam, qui permet d’explorer la dualité de l’enquêteur et une certaine esthétique crade et amorale.

Actual Play

Et pour l’occasion, nous avons testé Psychomeutre de Thomas Munier. Suivez-nous pour d’autres émissions dans le même format, entre cinéma et JDR.

the hanged man card

Bilan 2024

Et c’est à nouveau cette période de l’année. À vrai dire, je n’ai pas du tout vu passer 2024 et c’est déjà l’heure du bilan. Une année en demi-teinte avec des hauts très hauts et des bas très bas.

Un début d’année sur les chapeaux de roue

Suite à la précommande de Magie de Minuit, nous nous sommes activés pour finir la maquette, imprimer les cartes et le livret, et surtout Manon s’est décarcassée pour coudre les pochettes ! Au final, ce sont un peu moins de 200 exemplaires (et donc autant de pochettes cousues) qui se sont écoulés cette année, dont environ 130 à la précommande. Une très belle aventure qui nous a permis de travailler avec Momi, l’auteur, et de retravailler avec Hulver, l’illustratrice, qui sont toutes deux de magnifiques personnes. Pour couronner le tout, Magie de Minuit est notre jeu le mieux vendu depuis la création du label (soit depuis 2018, déjà !). Pour cela, nous vous remercions infiniment pour votre soutien.

Un milieu d’année difficile

Pour tout vous dire, je crois que ma vie s’est arrêtée à l’été 2024 avec les législatives. Tout d’abord, la mobilisation a été terriblement énergivore, sur les rond-points, en manif ou en ligne. La pétition que nous avons contribué à écrire et relayer a recueilli 235 signataires, ce qui est à la fois peu et beaucoup dans notre loisir (qui trop souvent se veut « apolitique »). Ensuite, au moment des résultats, ce fut à la fois le soulagement mais aussi la claque. J’habite dans une zone qui a fait élire un député RN au premier tour. Plus d’un tiers de votants en France veut plus ou moins violemment, plus ou moins indirectement, nous dégager de notre pays. J’ai eu terriblement peur pour moi, pour mes enfants, pour ma famille, pour mes ami.e.s. Je ne peux qu’observer impuissant à la libération de la parole raciste en France et cela me désole.

A cela s’ajoute les conditions matérielles qui ne permettent plus de vendre Toi qui comme un coup de couteau dans mon coeur plaintif es entrée, car le coût de production a grandement augmenté. Nous sommes reconnaissants pour le succès d’estime (en tout cas, c’est impression que j’ai) que le jeu a pu avoir et pour le fait que le jeu continuer à être joué. Encore une fois, merci à vous pour votre soutien !

Un Rayon rayonnant

La convention Octogones 2024 a été une grande bouffée d’air frais pour moi. Ce fut l’occasion de mes retrouvailles annuel avec les copain.e.s du collectif Le Rayon Alternatif. Je me rends compte que cette année encore, le bouillon de culture et créativité de ces retrouvailles a été très bénéfique. Je ne saurais que vous conseiller les jeux des copains, que je trimballe également au fil des conventions.

En route pour 2025

C’est donc fatigué mais galvanisé que je termine 2024. Et l’année 2025 ne sera probablement pas de tout repos également, et c’est pour le mieux car nous avons un nouveau projet sur le feu. Nous vous en parlons plus en détail très rapidement, mais si vous nous suivez (en convention ou sur les réseaux), vous avez déjà vu passer le titre du jeu :

Les chiffres

Comme tous les ans, je profite de cet article pour faire un exercice de transparence avec vous. Cette année, nous avons dégagé un bénéfice de 124€ ! De quoi, comme tous les ans, se payer un bon resto en famille. Nous en sommes ravis ! Le coût de production des cartes et des livrets de Magie de Minuit a été entièrement remboursé, donc ce qui arrive maintenant n’est que du bonus (modulo la matière première pour les pochettes, les droits d’auteurs et les charges bien sûr). Bref, je n’espérai pas arriver à l’équilibre cette année et bien je suis content d’avoir tord !

Par ailleurs, les autres jeux continuent à se vendre tranquillement :

Les autres petits jeux que nous avions écrits (et qui sont disponibles gratuitement sur notre page itch.io) continuent également à vivre leur vie. Nous n’en avons pas écrit d’autre, pas encore, mais qui sait…

Pour les amateurs de courbes :

Voici pour le bilan. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous les poser, nous serons ravis d’y répondre. Nous avons hâte de vous retrouver, en ligne ou en convention.

Je me permets de glisser également ici le jeu vidéo auquel j’ai contribué pour une game jam cette année. Il s’agit d’une sorte de visual novel pour lequel j’ai fait un bout du design et pondu quelques centaine de lignes de code. Vous pouvez jouer à Mindfarer sur sa page itch. (D’ailleurs n’hésitez pas à voir ma production vidéo ludique modeste sur notre page itch).

A très bientôt !

Simon (sous l’oeil avisé de Manon)

« Toi qui, comme un coup de couteau, dans mon coeur plaintif es entrée » ne sera plus disponible à la vente


Un livre à prix coûtant

Depuis la sortie de Toi qui, comme un coup de couteau, dans mon cœur plaintif es entrée, nous avions pris la décision de le vendre à prix « coûtant ». Ce tarif nous permettait de couvrir les frais essentiels, comme les cotisations URSSAF et les frais de port liés aux impressions pour les conventions. Comme le texte d’origine est en licence CC0, et grâce à la générosité de Simon Pettersson, nous n’avions pas à payer de droits d’auteur, ce qui nous a permis de maintenir un prix bas. Nous n’en tirions aucune marge, mais au moins, nous ne perdions pas d’argent.

Le coût de la vie qui augmente

Malheureusement, les choses ont changé. Le prix du papier a considérablement augmenté, tout comme les frais liés aux déplacements en convention (hébergement, transport, etc.). Aujourd’hui, vendre le livre, surtout lors des événements comme les conventions, nous fait perdre de l’argent. Nous préférons être honnêtes avec vous : il n’est plus possible pour nous de continuer à vendre le livre dans ces conditions.

Une décision difficile mais nécessaire

Nous nous excusons auprès de celles et ceux qui espéraient encore pouvoir se procurer le livre plus tard. Nous avons toujours été transparents avec vous, et il nous semblait important de vous expliquer les raisons qui nous poussent à arrêter les ventes.

Octogones 2024

Pour ceux qui souhaitent encore acquérir Toi qui, il nous reste un peu de stock. Nous l’amènerons avec nous à Octogones 2024 à Lyon. Ce sera probablement la dernière occasion de vous le procurer. Nous espérons vous y voir et échanger avec vous.

Merci encore pour votre soutien tout au long de cette aventure.

Vampiriquement,
Manon et Simon

Tribune des acteurs du JDR contre l’Extrême Droite

Aujourd’hui, de nombreuses personnes du milieu du jeu de rôle ont décidé de s’unir pour rappeler que les valeurs d’ouverture, de tolérance et de solidarité sont des piliers du JDR.

Il est évident que notre maison d’édition s’associe à cette initiative dans un moment où l’extrême-droite menace plus que jamais notre démocratie.

Dans notre communauté rôliste, cette menace pèse particulièrement sur les personnes issues de minorités avec lesquelles nous jouons avec plaisir quotidiennement. Ces ami.e.s sont déjà la cible d’attaques régulières de l’extrême-droite. Si nous ne nous mobilisons pas pour empêcher ce parti haineux de passer, en votant contre eux et en convaincant d’autres personnes de voter de la même manière, ces attaques prendront plus d’ampleur.

Cette menace concerne également toute la chaîne de la création ludique, car les décisions politiques du RN ne seront jamais en faveur de plus de diversité, plus de représentation des personnes marginalisées. Si le parti de la censure gagne, c’est tout notre imaginaire qui en pâtira.

Pour toutes ces raisons, et pour de nombreuses autres, nous vous invitons à vous renseigner, à en parler autour de vous et à signer cette initiative, quelle que soit votre place dans notre loisir. Faisons entendre nos voix aujourd’hui, ensemble, et chaque jour jusqu’aux élections. Et continuons ensuite.

https://legislative2024.petition-jdr.fr/

Magie de Minuit, bilan de la prévente

La poussière d’étoile retombe. Après un mois de prévente, c’est l’heure de dresser un petit bilan.

Tout d’abord, nous tenions à vous remercier pour votre soutien. Merci de rendre cette aventure possible. C’est notre premier jeu édité et c’est le premier jeu de Momi. Donc encore une fois, merci !

En terme de ventes, vous avez été 117 à avoir acheté le jeu lors de la prévente, donc 108 pochettes. C’est la team Bleu Royal qui l’emporte haut la main ! (Je dirai bien merci encore une fois mais on me glisse à l’oreille que c’est trop).

Le graphique suivant montre le nombre de produits acheté au cours de la période de prévente. On peut voir un clair engouement à l’ouverture de la prévente et des pics au moment de chaque actual play ou convention (merci de nous avoir accueillis !), le tout parsemé d’environ 1 à 2 ventes par jour. Puis le pic de fin de prévente s’étale sur une semaine (ce qui est amusant par rapport à un financement participatif qui a un gros pic le dernier jour à cause des paliers à franchir).

Quoi qu’il en soit, nous sommes très contents. Nous avons réussi à mobilisé malgré un modèle économique qui ne s’appuie pas sur le financement participatif, ce qui donne de belles perspectives pour l’avenir.

Après une période de repos, nous nous attaquerons à la fabrication du jeu. Et bien sûr, nous vous tiendrons informés !

A très vite.

photography of barrel wave

Bilan 2023

Prendre la vague… Je n’ai jamais fait de surf mais j’ai l’impression que l’année 2023 pourrait se résumer à cela pour AngeldustJDR. Attendre le bon moment et embrasser le grand saut.

Comme tous les ans, dans une volonté de transparence, nous vous proposons le bilan du label, tout d’abord d’un point de vue personnel, puis sous un angle comptable.

Début 2023 : Ramer

Nous avons quitté 2022 avec l’espoir que Héros d’Argile (Renaissance) soit un succès. En effet, après une expérience très insatisfaisante avec les éditions Posidonia, nous avons décidé de ressortir Héros d’Argile sous notre label, en autoédition. Le livre a été entièrement remaquetté et nous avons fait appel à plusieurs artistes pour illustrer cette nouvelle édition, notamment Hulver qui a réalisé les principales. Le début 2023 a donc été très stressant, d’autant plus que nous avions avancé les frais d’illustration.

Mi 2023 : Se mettre debout

Heureusement, il y a eu toutes les conventions auxquelles nous avons participées. Comme toujours, c’était un plaisir de vous rencontrer. Ces événements sont comme une grande fête de réveillon : parfois, nous recroisons de vieux copains perdus de vue depuis 1 an, comme au FIJ ; parfois, nous rencontrons des connaissances de connaissances ou des personnalités que nous suivons sur les réseaux comme à Arles ; parfois nous découvrons toute une communauté comme à l’Alia.

Même si côté créatif, c’est un peu le point mort (nous avons tant de difficultés à rédiger notre Bac à Sable du Quotidien), tous ces déplacements ont ravivé la volonté de travailler à nouveau sur un JDR.

Fin 2023 : Prendre la vague

S’il n’y a pas eu de déclic à proprement parler, on ne peut pas nier qu’une série d’événements a conduit au grand saut dans 2024 :

  • Tout d’abord, la mise en place du collectif « Rayon Alternatif », une association regroupant une poignée d’auteur.ices qui veulent promouvoir le JDR Alternatif francophone grâce à la présence dans les conventions d’un stand de vente. Nous y avons rencontré des personnes incroyables et avons reçu un soutien précieux (moral et matériel), l’acmé étant les deux tables du stand Alternatif à la convention Octôgones en octobre.
  • Ensuite, quelques prestations et accompagnements que nous avons effectués cette année. Malgré le fait que les projets en questions n’aient pas vu le jour, le simple fait de travailler de concert avec et pour d’autres personnes nous a montré que la confection d’un JDR n’est pas qu’une tâche solitaire (ou en couple).
  • Puis, la mise à disposition en boutique de certains de nos jeux, notamment à Trollune (Lyon).
  • Enfin, notre coup de cœur absolu pour le jeu Magie de Minuit de Momi. Ma partie de découverte de ce jeu poétique et symbolique a laissé une sensation qui reste encore avec moi aujourd’hui.

Tout ceci a conduit en septembre 2023 à notre changement de statut : de « auteurs indépendants », nous passons à « éditeurs« . Très concrètement, cela ne change pas grand chose pour vous, si ce n’est que vous trouverez dans quelques années dans notre collection, non seulement des JDR de notre cru, mais aussi des jeux d’auteur.ices que nous apprécions. Ce sera le cas de Magie de Minuit en tout premier lieu.

Quelques chiffres

Nous attaquons donc 2024 avec l’enthousiasme d’un « nouveau » départ, tout relatif qu’il soit. Quant à 2023, voici quelques éléments comptables.

Comme nous l’avions expliqué dans notre bilan 2022, nous avons fait un pari sur l’avenir avec Héros d’Argile : en avançant le prix des illustrations pour un jeu qui a déjà connu une première édition (et donc qui a déjà été vendu à nos proches soutiens), nous prenions un risque financier.

Ce risque a été partiellement couvert en 2023, car Héros d’Argile a remboursé sa mise d’environ moitié. Le graphe ci-dessous montre le revenu par jeu.

D’ailleurs, Héros d’Argile a été le jeu qui a eu le plus de succès en 2023, avec Toi qui. Ce sont les deux jeux qui se sont le mieux vendus en format physique cette année.

Ce qui fausse un peu les comptes, c’est que Toi qui est est vendu au prix coûtant. Néanmoins, on voit que ce jeu a eu un regain d’intérêt en 2023. Les autres jeux « vivent leur vie » et constituent une base de vente. A noter que nous ne vendrons plus d’exemplaires physiques des Larmes du Soleil en raison du prix de fabrication qui nous est de plus en plus difficile à assumer.

Si on cumule livre physique et pdf (gratuit et payant), on confirme le succès d’estime de Toi qui, dont le pdf est disponible gratuitement. En deuxième place, j’ai cumulé tous les jeux gratuits que nous mettons à disposition et dont le détail est visible sur le graphe suivant.

A part Gender Swap, qui est en anglais, les autres jeux ont surtout été téléchargés l’année de leur sortie (2022).

Enfin, il est important de noter dans notre bilan comptable le poids de plus en plus important des conventions (~800€ cette année, soit x2 par rapport à l’an dernier), dépenses qui valent clairement la peine, ne serait-ce que humainement.

Au final, nous terminons l’année avec un bénéfice d’environ 350€, soit notre meilleur résultat depuis la création du label en 2017. De quoi sabrer le champagne et accueillir la nouvelle année avec entrain ! Et avec pour premier rendez-vous la sortie de Magie de Minuit.