Compte rendu de notre 3ème partie de Vampyre: Ein weiterer Lied. Les PJ sont réunis au manoir. Sarah a été Etreinte il y a peu. Il s’agit maintenant de s’organiser et de commencer à agir… Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu.
La Fiction
Théodore propose à Djamil de s’installer dans l’ancienne chambre d’Eliot. Lui-même s’apprête à ouvrir la porte de celle qu’il partageait avec Joy mais renonce de peur d’être submergé par l’émotion qui s’y trouve. Il reporte. Il s’y rendra lorsque le manoir sera vide. Pendant ce temps, Wata questionne Sarah sur ce qui s’est passé, sa vie, sa soeur, son potentiel Sire prénommé Armand. Elle la rassure et prend soin d’elle comme elle peut. Wata comprend que Sarah, en quête de renseignements, s’est jetée dans la gueule du loup… Armand l’a étreinte de force. La prêtresse vaudou ne peut que faire le parallèle avec sa propre expérience.
Sarah s’enquiert de sa fille et de son compagnon! Mais avant qu’elle puisse les revoir il faut qu’elle apprenne à se maitriser… elle doit apprendre à contrôler sa soif.
Elle refuse de faire du mal à un être humain et demande à Wata de lui laisser boire son sang afin d’apprivoiser la morsure. Wata craint que ce ne soit pas suffisant mais cède, n’osant annoncer l’horreur des tristes réalités de la non-vie vampirique à une jeune femme encore pleine d’innocence.
Théodore questionne Djamil sur les regrets, en a-t-il? « Oui, beaucoup… tout le temps en fait…» puis le magicien se lance à nouveau dans quelques tours de passe-passe «…mais bon, ça ne m’empêche pas d’avanner, et toi? ». Théodore parle alors d’avoir essayé d’avancer, coûte que coûte, mais de réaliser de plus en plus clairement qu’il a fait le mauvais choix. Il questionne le magicien sur l’existence du pardon, y croit-il? Ce dernier se confie un peu à son tour: « C’est des questions un peu compliquées pour moi, disons que d’habitude je pense surtout à avancer et à me poser le moins de questions possibles pour être tranquille. »
Théodore se sent à l’aise pour se confier auprès de Djamil qui attribue ça à son côté magicien auquel les gens viennent facilement raconter leurs vies. Le prestidigitateur reste à l’écoute mais esquive adroitement les questions trop personnelles, s’abstenant d’en dire d’avantage à son propre sujet. Djamil conseille à Théodore de laisser le passé de côté et de se concentrer sur ce qu’il doit faire maintenant.
Théodore laisse Djamil rejoindre Sarah et Wata et se dirige vers l’ancienne chambre de ses amours.
Rien n’a changé, il est le premier à y perpétrer depuis leur départ. Son absence y est omniprésente… Joy. Les souvenirs et la tristesse associée à ces derniers sont insoutenables et, la main encore sur la poignée de la porte qu’il vient d’ouvrir, il referme cette boîte à musique avant de se noyer dans la lancinante mélancolie de sa mélodie aux accords mineurs. Désolé, il referme la porte derrière lui et part retrouver les autres.
Lorsque Sarah absorbe le sang de Wata elle absorbe aussi des souvenirs anciens… Elle se voit à la place de Wata, autrefois Aimé. Autour d’elle, les Orphelins de la Nouvelle Orléans, dont Théodore et Joy. Sarah voit ses bras se mouvoir. Elle porte une épée et agit comme Aimé l’a fait il y a 20 ans. Elle se voit décapiter un vampire, ancien et magnifique…
En revenant à elle, Sarah ne réalise pas qu’elle était dans un souvenir d’Aimé et que la figure maternelle qu’elle a devant elle est un meurtrière.
Wata se laisse aller à la morsure de Sarah, à cette douleur qui se transcende en don de soi, une forme étrange de transmission. Des images lui viennent… une maternité, un homme et une femme en plein labeur. Eric la soutient, il encourage une Sarah à bout de forces. Enfin la délivrance; un couple amoureux et uni autour de leur nouveau-né. Un instant apaisé. Quelque chose qu’elle ne connaitra jamais.
Djamil et Théodore entrent dans la chambre. Sarah est sur le sol en train de pleurer.
Emue par les pleurs du nouveau-né qu’est Sarah Wata se met à son niveau et la prend dans ses bras.
Djamil est choqué par ce qu’il vient de voir et laisse son écœurement s’exprimer. Pour lui, Wata vient de profiter de son ascendant sur la jeune vampire pour la lier au sang. C’est un acte d’une grande perversité. Il soupire. A-t-il connu de telles pratiques dans son passé ? Djamil reste silencieux sur son passé et blâme Wata.
Wata décèle du dégout dans les yeux d’un Djamil choqué qui jusqu’ici n’avait manifesté que des émotions de surface, un sourire inextinguible aux lèvres. Son sourire s’est éteint pour passer le relais à des yeux qui s’allument de mépris; cette déception dans le regard lui rappelle quelque chose, ou plutôt quelqu’un…
L’incompréhension règne et empoisonne tout.
Théodore se porte garant de l’intégrité de Wata et réfute l’hypothèse d’une intention d’aliénation dans son acte. Djamil n’est pas convaincu et le manifeste par des regards très durs vers la créature qu’il accuse intérieurement de traitrise mais accepte de se concentrer sur l’aide à apporter à Sarah.
Un chose est sûre, la jeune Sarah va devoir apprendre à se nourrir seule, et sur un humain. Théodore tend la main vers Sarah pour l’aider à se relever. « Ce ne sera pas difficile, on sera là à tes côtés. » Sarah saisit sa main. « Je pense que Wata va aller t’aider et va te montrer comment faire. »
La leçon allait commencer, dans le quartier de Storyville où se prostitue Wata…
Pour la première fois le regard de Wata se pose dénué de rancune sur Théodore; sa gratitude reste intérieure mais elle l’amène à appréhender son ancien ami d’un regard différent. Cette sensation s’était déjà esquissée lorsque Théodore avait empêché une Sarah affamée de se jeter sur Doggie. Wata avait essayé mais n’avait pas réussi à l’en empêcher, sans lui… heureusement il avait été là.
Les habitants du manoir grimpent dans une voiture en direction du centre ville. Sur la route une interview passe à la radio entre deux spots publicitaires. La voix de Vidal… son charisme passe à travers les ondes et terrasse Théodore et Wata sur leurs sièges. Une jeune journaliste, Deborah Mahels, le questionne à propos des bons résultats de baisse de la criminalité dans la capitale qu’il attribue aux nombreuses fouilles et atteintes à la vie privées dont sa politique est responsable, tout cela enrobé de bienveillance et d’esprit de paix. Il parle de la lutte contre le Saint Ordre et mentionne l’attentat ayant eu lieu au Lady’s Night, la mort de la délégation britannique envoyée pour signer des traités et la responsabilité de deux terroristes Djamil le Magnifique et son complice Théodore Caufield, un désequilibré, trublion de longue date impliqué dans la chute de la mascarade et qui cherche à nouveau à troubler l’orde public. La VSPD, Vampire State Police Department, est sur leur piste.
Théodore arrache la radio et la balance hors du véhicule. Djamil a envie de fuir mais la piste d’en découvrir un peu plus sur le Saint Ordre responsable de la mort de sa famille de cirque comme de coeur et de l’attentat du Lady’s Night le retient encore pour le moment. Décontenancé par la mention de son nom à la radio il se lance dans un tour de passe-passe, faisant apparaitre un nouvel autoradio et le remet à sa place. « Tiens c’est bizarre, c’est la première fois qu’on me dit que je suis un terroriste, ça sonne bien! »
Sarah vient de découvrir qu’elle est entourée de deux terroristes. Elle regarde Wata qui lui enserre la main et ne peut la rassurer, encore sous les ondes de choc de la voix de Vidal. Le véhicule arrive à destination.
Après avoir déposé Sarah et Wata à Storyville pour une leçon de chasse, les deux hommes se rendent au Lady’s Night pour enquêter.
Tout le quartier a été bouclé et délimité par des rubans de police. Le Lady’s Night est vide. De l’extérieur une forte odeur de chlore est perceptible, comme si le sol et les murs du lieu avaient été désinfectés. C’est la même odeur qu’après le meurtre de la famille de Djamil. Ses traits se durcissent en même temps qu’un intérêt apparait sur son visage, il est sur le coup, il va peut-être bientôt en savoir plus! Ils décident de faire le tour pour pénétrer le bâtiment par la sortie des artistes. Tout a été nettoyé. Djamil observe les anciens impacts de balles comblés par du plâtre et repeints. Il creuse mais les balles ont disparu. Théodore veut vérifier s’il n’y a pas d’indices oubliés sous la scène.
Alors qu’ils descendent au sous sol, ils entendent des pas derrière eux.
Une silhouette bourrue assez imposante apparait. Un vampire avec des cheveux mi-longs et un air assez dur. Il plisse les yeux. Il s’agit de Gregorio Dandini, un journaliste de la nuit, lui aussi vampire, qui enquête sur cette mystérieuse attaque. Il est persuadé que les autorités cachent quelque chose. Les deux compagnons d’infortune lui parlent de leurs recherches sur l’implication de vampire en tant que membres de Saint-Ordre. La curiosité de Gregorio est piquée. S’il doit collaborer avec des terroristes pour avoir un scoop, il le fera…
Sarah serre fort la main de Wata qui dégrafe son manteau pour libérer ses formes et attirer le chaland. Un jeune homme de bonne famille aborde timidement Sarah. Il a peut-être 16 ans et vient visiblement de rassembler tout son courage et ses économies pour ce qui doit être une première fois. Il vient s’encanailler dans un quartier sulfureux de la ville. Wata commence à s’occuper du jeune homme et invite Sarah à se joindre à cette danse sensuelle.
Sarah s’approche doucement. Elle a peur mais la jugulaire l’appelle, la pulsation est irrésistible. Elle hésite un instant puis elle mord. Un afflux de chaleur dans sa bouche la remue profondément. Ce n’est pas comparable avec le sang vampirique de Wata, c’est une extase différente. Elle s’accroche un peu au corps de l’adolescent, elle passe ses bras autour de son cou pour mieux boire et commence à perdre le sens de toute mesure; elle ne peut ni ne veut s’arrêter de boire…
Wata est restée alerte aux signes vitaux du jeune homme et perçoit son pouls diminuer. Elle interpelle Sarah, ça suffit, il faut arrêter! Sarah, perdue dans les sensations, ne réagit pas, elle va le vider!
Après plusieurs interjections et une tentative physique de Wata, Sarah réagit enfin. Elle repousse Wata puis prend conscience de sa perte de contrôle et la regarde d’un air effaré. « Qu’est-ce que j’ai failli faire? »
Le jeune homme est quasiment vidé de son sang. Ses yeux s’ouvrent sur une expression de douleur et d’incompréhension. Sa plaie suinte encore et il s’attrape la gorge des deux mains pour essayer de contenir le sang dans un geste paniqué.
Ni Sarah, ni Wata n’ont conscience de ce qu’elles font. Wata n’a jamais eu l’enseignement d’un Sire, elle ne connait pas les mécanismes de l’Etreinte. Sarah est trop jeune pour connaitre les secrets des vampires. C’est d’un commun accord qu’elles commettent un erreur fatale: Sarah donne son sang au moribond.
Son ventre fait soudain un bruit monstrueux et il se met à vomir. Il est en train de mourir, sa transformation commence… Sarah court vers lui « Pardon, pardon, je voulais pas, je voulais pas! »
Ses dents poussent et il commence à crier, ses yeux sont pleins d’incompréhension. Le cauchemar se poursuit, l’innocent pleure du sang et s’accroche à Sarah; il commence à pâlir, à devenir froid. Puis sa peau se décompose et commence à partir en lambeaux, son odeur est celle de la pourriture. Le Sang de Sarah n’est pas assez fort pour engendrer… Le jeune homme est mort. Sarah est traumatisée. Wata est mutique. Désespérée, elle appelle Théodore à la rescousse.
Djamil de son côté entre seul dans la voiture de Gregorio, après avoir laissé Théodore rejoindre Wata et Sarah. Le journaliste doute des bonnes intentions officielles de Vidal. « Vous êtes des terroristes bien singuliers! »
Les deux vampires négocient les informations. Au final, Djamil comprend que:
- La délégation anglaise, dont faisait parti Théodore, était attendu par des limousines à l’aéroport. Le contact au Lady’s Night était un leurre.
- Théodore n’apparaît pas sur la liste des membres de la délégation. Par contre, sa mentor, Elisabeth, utilise le nom de famille de Théodore. Elle apparaît sur la liste comme étant Elisabeth Caufield.
Finalement Gregorio propose l’adresse du lieu où sont entreposés les corps des membres du Saint Ordre abattus par la police lors de l’attentat, en échange Théodore viendra se confier sur ses rapports avec Vidal et lui parlera du point faible du dictateur.
Deal ! Les deux vampires se serrent la main avant de se séparer.
Théodore récupère Sarah et Wata. Puis, rejoint par Djamil, les protagonistes retournent au manoir. Théodore enterre le jeune homme dans le jardin. Wata reste mutique. Qu’a-t-elle fait ? Elle qui voulait protéger Sarah du monde cruel des vampires, elle a fait tuer la première victime…
Djamil se retire dans sa chambre. Il est écoeuré. Pourquoi se battre, pourquoi rester avec ce groupe alors que la magie pourrait tout résoudre ?
Sarah pleure de plus belle. Elle craque et appelle son compagnon, Eric, pour qu’il vienne la chercher.
Après un moment, Eric arrive au manoir. Il a l’air ivre et enervé. Il attrape Sarah violement. « Bon t’étais où?! Je me suis occupé de ta fille pendant deux jours. Allez viens on rentre à la maison! »
Théodore dégage brusquement Sarah de la poigne d’Eric. Le couple s’explique. Eric est dégoûte par la nature de Sarah. Quant à elle, elle ne sait pas quoi dire, quoi faire. Elle pense à sa fille, qu’Eric lui interdit de voir maintenant. Les voix s’élèvent, la tension monte, la dispute se fait plus violente, au risque de réveiller les voisins.
Théodore et Djamil plongent alors Eric dans un sommeil profond et le ramènent chez lui. Ils s’occuperont de son cas plus tard… Et s’il parle du manoir aux autorités ?
Sarah est abattue. La perspective de ne plus voir sa fille la tue. Elle décide de se laisser mourir au soleil. Théodore la retient et l’enferme dans sa chambre pour l’empêcher de s’immoler. « Je ne te laisserai pas. Je ne veux pas que tu fasses comme moi. Je regrette déjà tout ce que j’ai fait dans ma vie, dans ma non-vie. Je ne laisserai pas quelqu’un avoir les mêmes remords. Tu comprendras peut-être avec le temps ce que j’ai fait, au fond tu ne me connais pas. Mais pense à ta fille. »
Lorsque la Magie s’est apaisée en Djamil il retourne dans la salle commune, il y voit Wata gisant sur le sol. Il pousse un soupir, la soulève puis la dépose sur son lit dans la chambre rouge. Il fait le tour du propriétaire et s’assure que toutes les ouvertures du manoir soient fermées et ne laissent pas passer la lumière puis il se dirige dans sa nouvelle chambre dont il bloque l’entrée. A l’intérieur une vieille bouteille de bourbon avec un verre vide si ce n’est un léger amas de poussière déposé par le temps. Des gants de boxes sont accrochés au mur…
Le soleil se lève bientôt. Les protagonistes se couchent, le coeur lourd. La nuit à été longue. Encore une nuit à la Nouvelle-Orléans et peut-être la dernière dans ce manoir.
Feedback des MJ et notes des concepteurs:
- Super partie ! Ca a été intense pour les PJ, ils en ont pris plein la gueule et les joueurs ont adoré. Entre Wata qui veut être maman mais qui n’y arrive pas, Djamil qui questionne sa volonté ou plutôt son désir de fuite, Théodore qui va de l’avant pour dépasser son regret et Sarah, la pauvre Sarah, qui fait ses premières nuits… Bref, la partie a été super intense !
- Cette partie montre bien ce que le jeu a dans le ventre. Beaucoup d’introspection, de réflexion sur les convictions des PJ.
- Les Souvenirs ont bien servi, autant aux PJ pour se questionner et pour agir, qu’aux MJ pour tendre des perches ou des bâtons
- Pour faciliter l’ancrage des PJ, il serait bien d’obliger les joueurs à créer un ou deux PNJ, même du passé. C’est un soucis que nous avons eu avec Djamil, qui est un perso vagabond et sans attache. Difficile alors de tirer sur les cordes sensibles du personnage. Ses interactions avec les autres personnages (PJ/PNJ) sont limités à cause de cela, là où Théodore, Sarah et Wata entretiennent une dynamique autoportante. En gros, il faut l’intervention des MJ pour faire interagir Djamil, pour faire en sorte de creuser le PJ alors que pour les autres, la construction des perso, aidée par le système, l’interaction est plus naturelle.
- Au final, nous n’avons presque pas jeter de dés. Il faudra simplifier les jets dans la base. Je pense qu’il faut garder les jets de Caractéristiques (Corps, Coeur, Esprit) pour les actions et les jets d’Emotion pour les Disciplines. Et c’est tout !
- Les jets d’Emotion devraient être plus permissif:
- les 1 sont comptés comme des échecs
- les 6 comme des succès
- La somme des succès et des échecs donne un nombre de succès. Si ce nombre est plus grand ou égal à 0, la Discipline réussit. Sinon, elle ne rate pas, mais il se passe quelque chose d’imprévu.
- On garde bien sûr les jets d’Emotion pour la Décharge des Emotions
- Le système entretient bien le roleplay. Nous ne sommes quasiment jamais intervenu en début de partie.
- Au final, nous n’intervenons que pour ajouter des éléments dramatiques. Le système tourne bien pour cela.
- Il faut ajouter quelques conseils de maitrise, en reprenant ce que propose Thomas Munier dans Inflorenza Minima:
- Donner pour reprendre;
- Obligation de cruauté de la part des MJ, pour mettre les PJ face à des choix moraux;
- Poser des questions sur le passé des PJ, leur entourage, pour avoir des leviers sentimentaux et moraux.